Le Mari de Charlotte by Hector Malot

Le Mari de Charlotte by Hector Malot

Auteur:Hector Malot [Malot, Hector]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman, société, littérature française, 19e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2024-02-27T00:00:00+00:00


II

Ils revenaient dans l’intention de se fixer en France.

En Bourgogne d’abord, pour quelque temps, dans un château appartenant à Narbanton et qu’on appelait les Charmeaux, puis à Paris, d’où ils feraient une excursion en Bretagne.

Ce voyage de quatre années ne leur avait donné, à l’un comme à l’autre, que des satisfactions ; cependant, peu à peu et à la longue, ils avaient ressenti le désir de s’arrêter. On ne marche pas toujours ; il arrive un moment où le repos est un besoin, où ne plus ouvrir les yeux est une jouissance.

Les montagnes sévères de la Grèce, les sables de l’Égypte, le ciel bleu de la Méditerranée étaient devenus pour eux monotones : trop de classique.

— Le vin de Chypre a du bon, disait quelquefois Emmanuel, mais les vins parfumés de la Côte-d’Or ont bien leurs mérites.

— Ne verrons-nous jamais de vrais nuages, disais Charlotte, et une mer verte laissant à sec une plage couverte de goémons ?

— Les palmiers sont poétiques, mais les vieux chênes du Morvan sont romantiques.

— Les buissons de lauriers-roses sont très beaux ; mais c’est une belle chose aussi que de voir des pommiers défleuris et une lande couverte d’ajoncs en fleur.

Ils avaient besoin de respirer l’air natal et d’entendre le parler français retentir à leurs oreilles.

Que s’était-il passé pendant leur longue absence ? Emmanuel avait trouvé de temps en temps des correspondances d’affaires chez ses banquiers ; mais Charlotte n’avait pas reçu une lettre, et elle n’avait pas ouvert un journal.

Arrivés à Marseille, ils ne firent pas long séjour dans cette ville : la Provence maritime, c’est encore la Grèce avec ses montagnes grisâtres sous un ciel bleu.

La Crique avait été renvoyée à Saint-Nazaire pour y être désarmée, et ils s’étaient embarqués en chemin de fer.

Emmanuel avait voulu prendre un coupé, mais Charlotte s’y était opposée.

— Non, pas de coupé, avait-elle dit, mais un compartiment de première dans lequel il y aura du monde ; nous entendrons parler ; c’est une douce langue que le français.

En entrant dans la gare, elle avait respiré avec délices la fumée sulfureuse du coke qui s’échappait de la cheminée de la locomotive, et, pour la première fois de sa vie, elle avait trouvé que la graisse qui sert pour les roues des wagons sentait bon.

Son désir d’entendre parler français avait été servi à souhait, car dans leur wagon étaient montés deux voyageurs qui, à peine installés, s’étaient mis à bavarder avec une vivacité toute méridionale. Il est vrai que ce français n’était pas d’un accent très pur ; mais, pour des oreilles qui, depuis quatre ans, n’avaient entendu que les différents idiomes de l’Orient, c’était une douce musique.

Tout d’abord Charlotte ne prêta attention qu’à cette seule musique ; il ne lui convenait point d’écouter la conversation de ses voisins, et ce qu’ils disaient d’ailleurs n’était pas pour provoquer sa curiosité : ils parlaient politique.

Pendant que la machine de leur train express les entraînait vers Arles, elle regardait par la glace ouverte le paysage fuir derrière elle : la



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